L enfer :
Camille nosait pas rallumer tout de suite sa lampe. Elle progressa de quelques pas, ses yeux commençaient à shabituer à lobscurité. Elle distingua sur sa gauche une ombre menaçante. Encore quelques secondes pour maîtriser sa peur, elle braqua sa lampe héroïquement vers le danger : ce nétait quune armoire recouverte dun drap blanc qui, telle un spectre semblait lui souhaiter la bienvenue. Décidément lambiance de ce lieu était vraiment pesante. Elle osait à peine se lavouer. Elle navait pas ressenti une telle frousse depuis le jour où son père, excédé de la voir jouer aux jeux vidéo, lavait envoyée chercher du bois à la cave. Elle avait gardé de ce jour un souvenir terrifiant.Qui pouvait bien connaître encore aujourdhui lexistence de cette pièce ? Camille se le demandait : de grandes toiles daraignées en fermaient le passage. Après les avoir franchies non sans quelque appréhension elle poussa son exploration jusquà une deuxième pièce. Une tâche blanche sur le sol attira son regard. Elle se baissa : cétait une feuille identique au carnet dHadrien.
Elle braqua sa lampe et parcourut le message :
Ami inconnu,
Tu es arrivé jusqu à ce lieu maudit oublié des hommes. Dans cet antre résident les trois clefs du monde : passé, présent, futur. Si tu es là, cest que tu as découvert mon carnet intime. Auras-tu le courage daller jusquau bout ? Viens à mon aide. Hadrien
Ah ! pensa Camille, cest là quil a disparu. Elle regarda autour delle. Cétait un vrai capharnaüm sombre et poussiéreux et là, un vieux bureau à moitié consumé consumé, cétait le mot ! Cela ne lavait pas frappée tout de suite mais latmosphère était étouffante comme si elle se trouvait dans une pièce enfumée : pourtant aucune trace de fumée. Camille vacilla, totalement désorientée, et sappuya un instant contre le mur, le temps de reprendre ses esprits. Le mur semblait chauffer au contact de sa main. Elle chercha du regard un radiateur mais la pièce en était dépourvue. Ses pas hésitants sur le sol soulevèrent une poussière noire, une acre odeur de suie froide remonta jusquà ses narines. On dit que certains lieux ont une âme.Ce lieu en avait une et il voulait lui faire comprendre quelque chose. La panique la gagna. Ce nétait quun début : sa propre image venait de se refléter dans un miroir. Pendant un quart de seconde ,elle ne se reconnut pas. Son image sestompa pour laisser place, peu à peu à un tableau recouvert de poussière qui se trouvait sur le mur opposé. Elle souffla pour le dégager. Une étrange impression létreignit, les images se bousculaient devant ses yeux. Soudain ,elle entendit le crépitement des flammes, laffaissement dune bibliothèque et la dégringolade des livres. Fort heureusement, la majorité des étagères qui emplissaient la pièce jusquau plafond étaient intactes. Une échelle de bois à demi calcinée devait permettre, en dautres temps, datteindre les étagères les plus hautes. La sueur perla à son front. Langoisse lui serra la gorge. Elle discerna clairement des appels au secours. Elle naurait pas mieux vécu la scène en visionnant une vidéo. Elle frissonna dangoisse en pensant que peut-être Hadrien était mort dans un incendie.
Puis Camille se sentit tomber, tomber, tomber telle " Alice au pays des merveilles ". Tout le temps de sa chute, un ricanement sinistre laccompagna.
Là devant elle, le jeune homme du tableau se matérialisa à travers le miroir. Elle ne savait comment, ni pourquoi, mais elle accepta ce phénomène avec beaucoup de calme. Son voyage dans le temps avait commencé ! ! !
- Enfin quelquun ! Comment êtes vous arrivée jusquici ? Je pensais que jétais définitivement exclu du monde des vivants
- Hadrien ? Jhallucine ! Ce nest pas possible ! Cétait donc vrai !
A la vue dHadrien, Camille pensa quil semblait tout droit sorti de la dernière pièce de théâtre à laquelle elle avait participé : la tête rasée, un uniforme noir trop court et peu seyant faisait ressortir sa silhouette grandie trop vite et lui donnait un air comique et rêveur.
Ses cheveux courts étaient hérissés ,malgré labondance de Brillantine censée les dompter. Il portait au cou une petite cravate noire.
- Jai lu ton journal
- Je men doute, si vous êtes là. Mais ajouta-t-il avec un sourire comme pour sexcuser, vous connaissez désormais votre sort ? Comment vous appellez-vous ? Moi, cest Hadrien, ce nest pas une surprise !
Cela lui parut insensé mais sa réponse fut spontanée :
- Camille.